Travailler à bien juger

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Analysez cette image générée par IA, pour identifier des éléments qui se trouvent dans l'extrait ci-dessous. Quelle interprétation pouvez-vous en faire ?


Extrait :

IV.

Avant d’entreprendre quoi que ce soit, pense bien à ce que tu vas faire. Si tu veux aller aux bains, représente-toi d’avance tout ce qui s’y passe : représente-toi les gens qui vous jettent de l’eau, ceux qui vous poussent, ceux qui vous insultent, ceux qui vous volent. Ainsi tu seras plus assuré dans ton action, si dès le principe tu t’es dit : « Je veux me baigner, mais je veux maintenir ma volonté en conformité avec la nature. » Et qu’il en soit ainsi pour tout ce que tu feras. De cette manière, si quelque obstacle t’empêche de te baigner, tu te diras aussitôt : « Ce n’est pas là seulement ce que je voulais ; je voulais aussi conserver ma volonté en conformité avec la nature, et je ne la conserverais point telle, si je m’indignais contre ce qui m’arrive ».

V.

Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses elles-mêmes, mais les opinions qu’ils se font d’elles. Ainsi la mort n’est pas un mal : elle n’a point paru telle à Socrate. Mais l’idée que nous nous faisons que la mort est un mal, voilà le mal véritable. Lors donc que nous sommes traversés, troublés ou affligés, n’accusons personne que nous-mêmes, ou pour mieux dire, nos opinions. Accuser les autres de ses malheurs est le fait de l’ignorant ; s’accuser soi-même, le fait de celui qui commence à s’instruire ; n’accuser ni les autres ni soi-même est le propre du sage.

VI.

Ne t’enorgueillis jamais d’un avantage qui n’est pas tien. Si un cheval se vantait, disant : « Je suis beau », on pourrait le supporter. Mais toi, lorsque tu dis pour te glorifier : « J’ai un beau cheval », sache que la beauté dont tu te vantes est celle de ton cheval, et non la tienne. Qu’est-ce donc qui est tien ? L’usage de ton imagination. Si donc tu uses de ton imagination conformément à la nature, tu peux te glorifier : ce dont tu te vanteras sera bien à toi.

ÉPICTÈTE, Manuel, tr. H. Joly, Librairie Delain, 1901.


Questions : 

1. Analysez précisément à quel mode de représentation de ce qui peut advenir il faut travailler :

a) à partir de l'exemple de tout ce qui pourrait survenir en allant aux bains ;

b) en généralisant à "tout ce que tu feras".

2. À partir de l'exemple pris par l'auteur, analysez ce que signifie "maintenir [sa] volonté en conformité avec la nature". Quel sens donner, ici, au terme de "nature" ?

3. En quoi le malheur réside-t-il non dans ce qui arrive, mais dans le fait de s'"indign[er] contre ce qui [nous] arrive" ?

4. Expliquez la généralisation qui est faite de cette idée, dans l'affirmation selon laquelle "[ce] qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses elles-mêmes, mais les opinions qu’ils se font d’elles".

5. Faites des recherches afin de comprendre à quoi fait ici référence l'auteur en affirmant que la mort "n’a point paru [être un mal] à Socrate". Si le mal est ce que nous devons fuir, pourquoi est-il raisonnable de considérer que la mort n'est pas un mal ?

6. Observez attentivement cette gradation : "Accuser les autres de ses malheurs est le fait de l’ignorant ; s’accuser soi-même, le fait de celui qui commence à s’instruire ; n’accuser ni les autres ni soi-même est le propre du sage."

a) En quoi l'ignorance conduit-elle à incriminer autrui en l'accusant de nos maux ?

b) En quoi s'incriminer soi-même constitue-t-il le début de l'instruction ?

c) En quoi la sagesse consiste-t-elle à n'incriminer personne ?

7. De ce fait, le partage auquel celui qui est sur la voie de la sagesse doit travailler passe entre ce qui lui est étranger, et ce qui est sien : analysez pourquoi la possession d'un bien rare, tel un cheval, nous est aussi étrangère que peut l'être la circonstance d'être esclave. 

8. En quoi l'imagination vient-elle ici interférer ?

a) Imaginer, c'est se faire une représentation : quelle représentation fausse le propriétaire d'un bien précieux se fait-il ?

b) Le cheval qui lui est advenu est-il consubstantiel à sa nature, ou ne lui est-il advenu que du fait des circonstances ?

c) La même analyse peut-elle être conduite à propos du fait d'être esclave ? Justifiez votre réponse.

9. Ainsi, qu'est-ce qu'user de son "imagination conformément à la nature" ?

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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